Voici enfin mes notes et réfléxions suite à la conférence d’Olivier Zara « Réussir sa carrière grâce au personal branding » pour le PMI France Sud (Sophia Antipolis, 15 mai 2009 – je sais, mieux vaux tard que jamais !)
Qu’est-ce que Le Personal Branding ?
Le Personal Branding consiste à appliquer à sa personne un processus marketing habituellement réservé aux entreprises : définir son offre, définir ses avantages par rapport à la concurrence, identifier les groupes de personnes potentiellement intéressées, communiquer sur sa valeur, sa compétence et les avantages à travailler ensemble.
Intuitivement chacun de nous a été amené à pratiquer cet exercice. Du reste, le marketing, fut-il appliqué à la personne, est une pratique de bon sens. Ce qui change vraiment, ce sont la forme et les supports de cette communication.
Une représentation de votre carrière, comme une pièce de théatre antique
Jusqu’à présent la présentation d’une carrière professionnelle se déroulait comme une pièce classique : une succession de postes et de fonctions, une unité de temps, de lieu et d’action. A chaque entretien d’embauche, nous présentions chacune des scènes de notre vie (ou postes occupés) par thème ou par ordre chronologique. C’était facile, nous étions formés à cet exercice. Pas toujours confortable pour les parcours atypiques, mais bien balisé.
La fin de l’approche classique du CV
Avec le développement du web 2.0 et des média sociaux, cette configuration classique vient de voler en éclat.
L’unité de temps n’a plus cours : sur Internet, des témoignages antérieurs peuvent supplanter votre actualité dans les résultats de recherche des outils de recherche, sans qu’aucune mention ne précise la chronologie.
L’unité de lieu est abolie : où que vous soyez, où que soit votre interlocuteur, les frontières ont disparu.
L’unité d’action a volé en éclat : votre cv, vos voyages, vos photos, vos vidéos, vos goûts littéraires ou musicaux, vos avis, vos activités associatives, religieuses, politiques, familiales… Votre participation à un téléthon, la parution d’un article, une conversation sur un forum, un avis sur votre week-end en Ardèche, tout le monde peut le savoir, si vous l’avez posté à un moment ou à un autre.
Tout est publié sur Internet et présenté sur le même plan, sans hiérarchie.
Toutes les traces que vous avez laissées depuis des années sur Internet dessinent votre portrait par petites touches. A la façon des tableaux impressionnistes. Une par une, aucune des traces n’est vraiment significative mais le tableau général, lui, vous représente, et est offert à tous et non à quelques interlocuteurs choisis, comme lors d’un entretien de recrutement. Vous apparaissez dans votre complexité, sans avoir la possibilité d’expliquer et de justifier vos choix et prises de position. Nous sommes très loin de l’entretien de recrutement, où nous pesions soigneusement chaque mot et chaque information, dans le contrôle de l’information et la confidentialité.
To be or not to be numeric…
Les faits s’imposent. La question ne se pose plus. Comme le précise Olivier Zara, « ne pas communiquer sur Internet, ne pas avoir d’existence numérique, c’est risquer de se construire une image en négatif : technophobe, affabulateur, pas transparent ?… L’absence numérique éveille le doute sur la valeur ».
Puisque vous n’avez pas le choix, autant prendre conscience de la situation, être pro-actif et vigilant. Pro-actif en pratiquant ces médias (commencez par lire le livre d’Olivier), vigilant en gardant en tête des règles de publication simples :
- Rien de ce que vous publiez ne disparaitra, vous devez pouvoir en justifier dans 15 ans ou plus (pas de photo de grande fiesta échouée dans les toilettes, pas de commentaires niais sur d’anciens camarades de classe !…)
- Communiquez sur votre activité professionnelle, la limite étant le devoir de réserve et la confidentialité inhérents à tout poste et à tout contrat.
- Communiquez, si vous le souhaitez, sur votre vie personnelle.
Ce que l’on communique, ou pas, de sa vie personnelle est un point très délicat. Il me semble que la frontière est celle qui sépare la vie personnelle sociale et la vie personnelle intime. Réfléchissez avant de publier des informations relevant de votre vie privée. Si cela relève de votre vie intime, réfléchissez deux fois… Par exemple, si vous êtes membre d’une association, cela relève de votre vie sociale et concourt à confirmer vos valeurs. Si vos opinions politiques ou religieuses font partie de votre vie sociale, pourquoi pas. Si ces mêmes opinons sont des pratiques ou des convictions intimes, qu’elles restent confidentielles. La façon dont ces frontières sont posées vous appartient.
Comme l’avait annoncé Warhol, chacun a droit à 15 minutes de célébrité mondiale. Nous y sommes, mais à quel prix ? A l’heure du web 2.0 qui permet à chacun de jouer au patron de media (sans en avoir la formation, l’expérience ni le garde-fou du comité éditorial), le Personal Branding est opportunité qui requiert notre vigilance et nous engage à réfléchir sur l’usage que nous faisons, ou subissons, des media.
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